
Le système alimentaire mobilise massivement énergie, eau et sols, tout en polluant (pesticides, plastiques, ammoniac) et en émettant 25 % des émissions françaises de GES. C’est aussi près de 25 kg d’aliments gaspillés par habitant chaque année.
Alors que la perte de biodiversité cultivée, la précarité des travailleurs et la concentration du pouvoir entre multinationales fragilisent la sécurité alimentaire, la transition passe par une offre durable, une demande plus sobre et une meilleure gouvernance.
L’industrialisation des systèmes alimentaires a permis une extraordinaire amélioration de l’offre alimentaire — autant quantitativement que qualitativement —, et par conséquent l’accroissement démographique, l’urbanisation, l’élévation du niveau de vie de la majorité de la population planétaire. En revanche, ces phénomènes s’accompagnent de problématiques environnementales, sanitaires, sociales, économiques, de gouvernance. 6

Dans certaines régions, l’eau est accaparée pour l’irrigation et par certaines entreprises agroalimentaires, tandis que les poissons et autres formes de vie marine sont prélevés à une vitesse supérieure à celle de leur renouvellement, menacé également par la pollution croissante des eaux (algues, déchets, plastiques, produits chimiques). Pour l’élevage et les cultures industrielles comme l’huile de palme, les forêts - puits de carbone et réservoirs de biodiversité - sont détruites.
D’autre part, en 2010, la FAO estimait que les trois quarts de la diversité variétale des plantes cultivées avaient disparu au cours du XXe siècle, sous l’effet de la domination de quelques grandes firmes semencières. Cela entraîne une moindre résilience des systèmes agricoles face à des menaces telles que les ravageurs, les agents pathogènes, le changement climatique, et donc des risques pour la sécurité alimentaire.
pollution des nappes phréatiques, rivières, rivages, eutrophisation des milieux aquatiques à cause de l’usage massif d’engrais chimiques, pollution de l’air par l’ammoniac, rejet de boues d’épuration, résidus de pesticides, pollution aux plastiques, émissions de gaz à effet de serre…

Les pénuries alimentaires et famines se raréfient mais d’autres risques nutritionnels et sanitaires apparaissent. La sous-nutrition augmente depuis 2014 à cause de la difficulté d’accès à une nourriture saine et de qualité pour les déplacés climatiques et de conflits.
La consommation croissante de produits gras et sucrés, combinée à la réduction de l’activité physique, entraîne surpoids et obésité. La sous-nutrition protéino-énergétique, les carences en micronutriments (vitamines, minéraux) et la surnutrition, décrites comme « la triple charge », peuvent coexister dans un même pays, une même famille voire une même personne.
En outre, les travailleurs agricoles sont fortement exposés aux produits chimiques, qui s’accumulent aussi chez les consommateurs qui les ingèrent. On compte parmi eux les perturbateurs endocriniens, dont les doses sont insuffisantes pour provoquer des troubles à eux seuls mais dont les combinaisons peuvent s’avérer dangereuses (« effet cocktail »).
Il est attendue une aggravation de l’insécurité alimentaire : les possibles migrations massives risquent d’entraîner de nouvelles crises alimentaires. L’exode rural et chômage urbain de masse s’explique par une insuffisante rémunération des agriculteurs et des conditions de vie rurale généralement moins bonnes qu’en ville. Les prix alimentaires sur les marchés internationaux risquent d’être instables et la forte hétérogénéité des entreprises accélère la marginalisation des plus petits producteurs.
Dans le même temps, le système alimentaire compte un grand nombre de travailleurs précaires : dans la production agricole (recours à la main-d’œuvre migrante), dans les entreprises agroalimentaires (travailleurs et travailleuses à la chaîne – par exemple dans les abattoirs soumis à des cadences conduisant à de la maltraitance animale), dans le transport et la grande distribution (chauffeurs et chauffeuses, manutentionnaires, caissiers et caissières), dans la restauration (cuisiniers et cuisinières) et, depuis quelques années, dans la livraison de repas (« uberisation » du travail).
L’oligopole dans le système alimentaire pose des enjeux de gouvernance : en 2021, 70% du secteur agrochimique mondial est entre les mains de seulement trois entreprises, et jusqu’à 90% du commerce mondial des céréales est contrôlé par quatre multinationales. Cela affaiblit l’autonomie et la capacité de négociation des agriculteurs, dépendant des firmes pour les intrants et pour les prix, soumis également à des cahiers des charges de production très stricts.

Dans son rapport Transition(s) 2050 7, l’ADEME identifie, d’une part, que le secteur alimentaire est directement lié à d’autres secteurs qui devront évoluer en cohérence pour réaliser une transition réussie et, d’autre part, les leviers suivants qui nécessitent une évolution à la fois de l’offre et de la demande alimentaire :
[1] Tout comprendre : une alimentation plus durable, ADEME, https://librairie.ademe.fr/consommer-autrement/7617-tout-comprendre-une-alimentation-plus-durable-9791029724114.html
[2] Ipsos pour FranceAgriMer, Végétariens et flexitariens en France en 2020
[3] Club Ingénierie Prospective Énergie et Environnement, L’empreinte énergétique et carbone de l’alimentation en France, 2019
[4] AGRIBALYSE, données d’impact sur l’ensemble du cycle de vie
[5] Les déchets alimentaires en France et dans l’Union européenne en 2021, SDES, 2024 et MODECOM, ADEME, 2007
[6] Une écologie de l’alimentation, Chaire UNESCO de l’Alimentation, https://www.chaireunesco-adm.com/Une-ecologie-de-l-alimentation
[7] Rapport « Transition(s) 2050 », ADEME, https://www.ademe.fr/les-futurs-en-transition/
Pour répondre à ces enjeux, plusieurs compétences de transition sont indispensables :

De façon générale, l’agriculture, la transformation alimentaire, le transport, le commerce, la consommation et la restauration sont liés à l’alimentaire. 16 Les compétences à développer sont donc spécifiques à chaque filière.
Pour l’agriculture par exemple, il est possible de directement consulter la page filière associée.
[8] Agroécologie et biodiversité – ADEME : https://www.ademe.fr/presse/communique-national/sia2019-etude-1-4-de-lempreinte-carbone-des-francais-est-liee-a-lalimentation
[9] « Les territoires sont engagés pour accompagner les évolutions du secteur agricole et alimentaire vers un avenir durable », Le Monde, https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/11/15/les-territoires-sont-engages-pour-accompagner-les-evolutions-du-secteur-agricole-et-alimentaire-vers-un-avenir-durable_6395194_3232.html
[10] En route vers un monde meilleur, bon pour l’homme et la planète, Le Monde, https://www.lemonde.fr/le-defi-de-l-agroalimentaire/article/2024/04/02/en-route-vers-un-monde-meilleur-bon-pour-l-homme-et-la-planete_6225592_441.html
[11] S’orienter vers les métiers de la chaîne alimentaire, France Travail, https://www.francetravail.fr/actualites/le-dossier/agroalimentaire-industrie-et-cha/sorienter-vers-metiers-chaine-al.html
[12] Vers une alimentation durable : Un enjeu sanitaire, social, territorial et environnemental majeur pour la France, senat.fr, https://www.senat.fr/rap/r19-476/r19-47610.html
[13] Association Végétarienne de France, https://www.vegetarisme.fr/
[14] La Seine-Saint-Denis, laboratoire du chèque alimentation durable, Le Monde, https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/07/19/la-seine-saint-denis-laboratoire-du-cheque-alimentation-durable_6252419_3244.html
[15] Graines de Noé, http://www.graines-de-noe.org/
[16] https://economie-circulaire.ademe.fr/entreprise/industrie-alimentaire-et-alimentation-durable
Les métiers de l’agro-alimentaire sont répartis en 9 grandes filières 11 :
Ainsi, des métiers évoluent ou émergent autour de l’alimentation durable parmi lesquels :
Ces métiers nécessitent des compétences pluridisciplinaires, combinant technique, projet, animation, sensibilisation et pilotage que vous trouver dans les formations aux compétences transverses.
[11] S’orienter vers les métiers de la chaîne alimentaire, France Travail, https://www.francetravail.fr/actualites/le-dossier/agroalimentaire-industrie-et-cha/sorienter-vers-metiers-chaine-al.html
[9] « Les territoires sont engagés pour accompagner les évolutions du secteur agricole et alimentaire vers un avenir durable », Le Monde, https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/11/15/les-territoires-sont-engages-pour-accompagner-les-evolutions-du-secteur-agricole-et-alimentaire-vers-un-avenir-durable_6395194_3232.html
[13] Association Végétarienne de France, https://www.vegetarisme.fr/
[15] Graines de Noé, http://www.graines-de-noe.org/
[17] Formation alimentation durable, Fondation GoodPlanet, https://www.goodplanet.org/fr/institut-de-formation-myplanet/formation-alimentation-durable/