
La filière de l’ameublement en France pèse 3,6 milliards d’euros et regroupe 19 000 entreprises, créant plus de 60 000 emplois directs, surtout hors métropoles. Elle valorise des métiers variés, avec une forte place pour l’apprentissage et une dynamique d’insertion sociale.
Le secteur fait face à de forts enjeux environnementaux : extraction de ressources, émissions polluantes, transport et gestion complexe de 2 millions de tonnes de déchets annuels. De plus, la montée de la fast-furniture accentue ces impacts. Cependant, le cadre réglementaire, avec la loi AGEC et la filière REP, incite à plus de transparence et de durabilité, renforcé par les exigences européennes. L’économie circulaire (réemploi, réparation, éco-conception) ouvre des pistes de transition.
Enfin, la transformation mobilise de nouvelles compétences en design sobre, production propre, logistique circulaire et métiers du réemploi, soutenue par de nombreux acteurs publics et associatifs.
Aussi on notera que l’Ameublement français s’est doté d’un projet sectoriel à 5 ans pour la période 2022-2027 structuré autour de 3 ambitions :
Et à l’horizon 2050, la filière prévoit d’allonger la durée de vie des meubles et de développer l’économie de la fonctionnalité.
La filière de l’ameublement en France joue un rôle significatif sur le plan social, en particulier dans les domaines de l’emploi, de l’inclusion, de la formation et du développement territorial.
La filière est fortement ancrée dans les territoires ruraux et périurbains : 76 % des entreprises sont situées hors des métropoles. Dans certaines régions, comme les Pays de la Loire ou la Bourgogne-Franche-Comté, l’ameublement représente jusqu’à 2 % de l’activité industrielle. Dans les territoires ultra-marins, cette proportion peut dépasser 9 %
La filière valorise une grande diversité de métiers, allant des artisans (menuisiers, tapissiers) aux professionnels du marketing et du digital. Elle se distingue par un écart de salaire entre femmes et hommes inférieur à la moyenne nationale (9 % contre 17 %) .
Environ 25 % des entreprises d’insertion se consacrent à la revalorisation des déchets et meubles, employant 15 000 équivalents temps plein. Ces structures offrent des opportunités de réinsertion professionnelle à des publics éloignés de l’emploi .
La filière est dynamique en matière de formation, avec 3 493 apprentis relevant de la convention collective de la fabrication d’ameublement, soit 9 % des effectifs salariés. Ce taux place l’ameublement parmi les dix branches les plus actives en matière d’apprentissage.
Les acteurs de la filière collaborent avec des structures de l’économie sociale et solidaire pour promouvoir la réparation et le réemploi des meubles. Des programmes de formation sont mis en place pour accompagner des personnes peu qualifiées vers des métiers liés à la réparation de mobilier.
La valorisation des métiers artisanaux est essentielle pour la filière. Des initiatives sont menées pour protéger et transmettre ces savoir-faire, répondant à une demande croissante des consommateurs pour des produits authentiques et durables.
La filière de l’ameublement en France fait face à des défis environnementaux majeurs. De l’extraction des ressources à la fin de vie des produits, son impact sur les écosystèmes est considérable. Toutefois, cette filière, riche de savoir-faire et fortement ancrée dans les territoires, commence à amorcer un virage vers des modèles plus circulaires, responsables et sobres en ressources.
Les ressources nécessaires à la production sont souvent issues d’extractions intensives ou de chaînes d’approvisionnement mondialisées, qui contribuent à la déforestation et à la pression sur les écosystèmes. Les procédés industriels sont également énergivores et émetteurs de gaz à effet de serre et de polluants, notamment via l’usage de colles, vernis, solvants ou traitements chimiques.
L’impact environnemental s’étend jusqu’à la logistique, avec des meubles fréquemment importés ou transportés sur de longues distances. En fin de vie, les meubles usagés posent un défi majeur : peu recyclés, ils finissent souvent en déchetterie, incinérés ou enfouis, faute de filières suffisamment développées ou accessibles.
Des initiatives de recyclage et de réemploi émergent, mais elles restent encore limitées en volume et en visibilité. L’éco-conception commence à se diffuser dans les bureaux d’étude et chez certains fabricants, mais elle n’est pas encore une norme industrielle. Trop peu de produits sont conçus pour être réparés, démontés ou valorisés en fin de vie.
La montée en puissance de la fast-furniture (du mobilier bon marché, peu durable et difficilement recyclable) accentue les impacts environnementaux de la filière ameublement. À l’instar de la fast-fashion, ce modèle accélère l’obsolescence et génère une quantité massive de déchets. En France, ce sont plus de 2 millions de tonnes de déchets d’éléments d’ameublement qui sont produits chaque année, selon l’ADEME. Ce phénomène met aussi sous pression les acteurs historiques du secteur, fragilise l’emploi local, et freine les dynamiques de réemploi et de circularité que promeuvent pourtant les politiques publiques actuelles.
La transition vers une économie circulaire appelle donc un changement de modèle profond, à la fois chez les industriels et dans les comportements d’achat.
La filière ameublement est soumise à un cadre réglementaire de plus en plus exigeant. En France, la loi AGEC (Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire) impose aux producteurs des obligations accrues : information sur la disponibilité des pièces détachées (article 13), objectifs d’achat public de mobilier issu du réemploi (article 58), et transparence sur la présence de substances dangereuses ou de perturbateurs endocriniens.
La filière REP (Responsabilité Élargie du Producteur) est au cœur de cette dynamique, avec trois éco-organismes agréés – Ecomaison, Valdelia et Valobat – qui structurent la collecte, le recyclage et le soutien au réemploi des meubles.
À l’échelle européenne, plusieurs textes récents renforcent encore les exigences. La limitation des émissions de formaldéhyde dans l’air intérieur pour les meubles et articles en bois. L’interdiction de la commercialisation de produits liés à la déforestation. La CSRD qui impose aux grandes entreprises un reporting extra-financier, les incitant à intégrer la durabilité dans leur stratégie.
Ces évolutions réglementaires, tant nationales qu’européennes, incitent fortement la filière à transformer ses pratiques, dans un contexte où les attentes en matière d’économie circulaire et de transparence ne cessent de croître.
Rapport 2023 de la Fédération professionnelle de l’Ameublement Français
https://www.ameublement.com/uploads/attachments/ra23-assemblage-compressed-bd-ok-pour-diffusion.pdf
Rapport d’activité 2023 du CODIFAB
https://www.codifab.fr/uploads/media/6691491f38643/v9-rap-act-codifab-2023.pdf
Filière des éléments d’ameublement données 2023 ADEME
Impacts sociétaux de la filière ameublement
Du design à la déconstruction, en passant par la fabrication, la logistique et la vente, tous les métiers de la filière sont concernés par la transition.
Dès la conception, il s’agit d’être en mesure d’intégrer les notions de cycles de vie, d’avoir une connaissance des matériaux biosourcés ou recyclés, ainsi que de la réparabilité et du réemploi. Les métiers du design doivent intégrer cette logique de sobriété, de démontabilité et de durabilité .
Côté fabrication, il s’agit de maîtriser de nouvelles matières premières (bois revalorisé, plastiques recyclés, textiles issus de la seconde vie), tout en optimisant les processus industriels pour réduire les déchets, la consommation énergétique et l’impact carbone. Ces évolutions nécessitent des compétences techniques en matériaux, en production propre, mais aussi des capacités de pilotage de projets transverses.
Les métiers logistiques et commerciaux sont également impactés : la vente de mobilier de seconde main, la location ou la reprise imposent de nouveaux modèles économiques, et donc de nouvelles approches client. Les compétences de la vente responsable, de la gestion de la traçabilité ou du service après-vente orienté vers la réparation deviennent stratégiques.
Enfin, l’aval de la chaîne – collecte, tri, revalorisation – ouvre de nouveaux métiers liés à la dépose sélective*, au diagnostic matière, à la logistique retour* ou à l’animation de tiers-lieux du réemploi. Ces fonctions émergentes supposent des savoir-faire en manutention, en évaluation technique, en relation client ou en médiation territoriale.
* dépose sélective : lors d’une déconstruction identification et tri des matériaux qui ont le potentiel d’une seconde vie.
* logistique retour : toutes les opérations liées à la réutilisation des produits et matériaux.